Tout a commencé le 2 octobre 2020 à Kinshasa. Ils étaient au moins une dizaine de jeunes cadres Kinois réunis autour d’un idéal commun : Kinshasa, Ville-capitale et miroir de la République Démocratique du Congo. Mais, il a fallu attendre quelques jours pour régulariser et légaliser les dossiers au niveau de l’État avant de proclamer, officialiser et inscrire cette date marquant la création d’une association sans but lucratif dénommée ‘‘Les Kinois. C’est quoi les Kinois ? Quel est son but ultime ? Quelles sont les grandes actions à impact visible menées par l’association un an après sa création ? Qu’est-ce que la population de la Capitale peut attendre de cette organisation communautaire ? Toutes ces questions ont été développées par le Coordonnateur de l’Asbl ‘‘Les Kinois’’, l’Excellent BOB AMISSO, au cours d’une interview exclusive accordée au site web Afrique-infomagazine.net.
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Que peut-on retenir du concept ‘‘Les Kinois’’ ?
Bob Amisso : Le concept ‘‘Les Kinois’’ signifie premièrement natif de la Ville –capitale Kinshasa. Le Kinois est un état d’esprit. C’est aussi des personnes qui portent les valeurs de la Ville-province de Kinshasa. Mais, aussi toutes personne qui sont venues habiter à Kinshasa, qui croient et apportent quelques choses pour le développement de cette mégapole.
Qu’est-ce qui a motivé la création de cette organisation communautaire ?
B.A : Chaque génération a un devoir face à l’histoire. Nous avons vu nos aînés apporter leur pierre. Maintenant, il est de notre génération d’apporter aussi la nôtre. Je suis un natif de Kinshasa. J’ai fait toutes mes études primaires et secondaires à Kinshasa. Je me suis marié et je vis ici où je fais mes affaires. Donc, Kinshasa m’a tout donné. C’est maintenant mon tour d’honorer cette ville. Il est déplorable de voir que cette ville, qui dans le temps était appelée Kin-la-belle, soit qualifiée aujourd’hui de Kin -la- poubelle. Quand je regarde cette ville, je me dis que ce n’est pas normal. Je crains que, dans l’avenir, la génération de mon fils m’interpelle en demandant : Qu’est-ce que vous avez fait de cette ville sur les plans social, éducationnel, en tant que Kinois ?Je crois que c’est dans ces genres d’association qu’on peut dire qu’il y a des Kinois qui réfléchissent et veulent défendre Kinshasa pour aller de l’avant.
Comment se présente l’organigramme de l’Asbl ‘‘Les Kinois’’ et qui en est le leader ou le Chef de file ?
B.A : Il n’y a pas de Chef dans notre association. Mais, il y a un coordonnateur en la personne de BOB AMISO YOKAMBILA, votre humble serviteur. On est bien structuré avec une coordination qui chapeaute nos actions. On a les membres effectifs, sympathisants ainsi que le collège des Fondateurs. Ce collège est constitué d’une dizaine de membres dont Maître Guy Beau-Charles LONGONGO, Thierry VENGELE, Khamy KABEYA Le Privilégié, Alain ITELA, Mme Patricia FEZA, Mme Rachel MAZEMBE….
Quelles sont les grandes actions menées par votre association en un An de son existence Les Kinois ?
B.A : Partager de quoi manger, distribuer des vêtements et passer des bons moments ensemble avec les orphelins des militaires au Camp Kokolo, à l’occasion de la fête de la Nativité (Noël) en décembre 2020. Ça a été la première action majeure réalisée par notre Association. Par la suite, nous avons fait un don des livres à la bibliothèque de Saint Paul, dans la commune de Barumbu. Nous avons aussi lancé la Campagne ‘‘Yeba engumba nayo’’ qui consiste à aller vers la population kinoise dans les 24 communes, en vue d’identifier les problèmes qui freinent le développement de la Ville. À travers cette campagne, l’idéal est de connaître les vrais besoins des Kinois et d’en faire une plaidoirie auprès des autorités. Depuis son lancement, nous sommes aujourd’hui déjà à notre 9ème commune. Nous sommes en train de continuer avec cette initiative qui s’inscrit dans le cadre de notre engagement en tant que défenseurs des Kinois et de la Ville-province de Kinshasa. Nous sommes intervenus également dans le dossier concernant la modernisation du Marché central (ZANDO) pour lequel nous avons écrit au Gouverneur de la Ville. À cet effet, nous avons effectué le déplacement au Marché municipal de Kalembe-Lembe dans la commune de Lingwala pour voir comment les déplacés de Zando sont gérés. En gros, nous faisons beaucoup d’actions mais sans en faire des bruits parce que la main, qui donne, ne crie pas.
Quelle est votre vision pour une Ville comme Kinshasa abandonnée, pourrie et inondée des immondices, d’une part, et, d’autre part, mal réputée à cause de la délinquance juvénile, du banditisme urbain (Kuluna), des coupures intempestives de l’électricité, du manque d’eau et, surtout, avec sa population qualifiée d’escroc, voleur… Sans oublier les ‘‘Scheguets’’ ?
B.A : Voilà pourquoi, nous avons créé cette association qui regorge, en son sein, de toutes les couches de la population. Le seul point commun, c’est Kinshasa. Nous avons des avocats, journalistes, médecins, politiciens, entrepreneurs, architectes, juristes, plombiers, ingénieurs, économistes… Tous défendent et prônent des valeurs de Kinshasa. Car, nous sommes contre les antivaleurs. Des personnes qui s’engagent à redorer l’image de notre Ville. On nous a fait croire qu’à Kinshasa, il y a des badauds, des voleurs ou Kuluna. Mais, c’est faux ! Nous voulons montrer à la face du monde que les Kinois ne sont pas des gens sur qui on peut à chaque fois tirer à boulets rouges.
Quelle est votre approche pour changer la donne et redorer l’image ternie des Kinois ?
B.A : Nous avons plusieurs approches. Rappelez-vous que nous avons doté des livres à la bibliothèque et on a mené aussi d’autres actions sur terrain pour renverser la tendance. Bientôt, nous allons descendre dans les écoles. L’association a beaucoup de projets. On n’a qu’une année. Laissez-nous le temps et vous allez voir ce que l’Asbl « Les Kinois » va faire de cette Ville. Nous avons un canevas qui va nous permettre de bien accomplir notre objectif.
Quelle différence y a-t-il entre ‘‘Bana Kin’’ et ‘‘Les Kinois’’ ?
B.A : Contrairement aux autres associations, il faut souligner d’abord que l’Asbl ‘‘Les Kinois’’ a mis la Femme au centre de sa vision. Pour preuve: on retrouve 5 femmes sur les 11 membres qui composent notre équipe de coordination. Donc, nous prônons la parité. Au-delà de tout, nous défendons les valeurs. ‘‘Les Kinois’’ n’est pas un club des copains qui se réunissent. Nous avons la chance de voir ce que les aînés ont raté et pu faire. Nous prenons ce qui est bien et nous rejetons ce qui est mal chez les aînés. Pour nous, la valeur ajoutée est la détermination que nous avons. C’est dire que nous sommes une génération qui veut changer les choses.
Que reprochez-vous aux aînés de « Bana Kin » ?
B.A : Je crois qu’on n’a pas les reproches à faire à nos aînés vu qu’on n’a pas aussi la même approche. Raison pour laquelle on ne peut pas être ensemble. « Bana Kin » est une association à féliciter avec plus de trente ans d’existence.
La Pros : Quelles sont vos valeurs ajoutées ?
B.A : La moralité, le respect de soi, l’amour de Kinshasa.
La Pros : Nous avons constaté plusieurs tendances politiques au sein de votre association. Ne craignez-vous pas que les ambitions et les intérêts politiques de chacun divisent « Les Kinois » ?
B.A : D’abord, notre organisation est apolitique. Kinshasa est notre dénominateur commun. C’est vrai que, parmi nous, il y a des cadres et militants des partis politiques. Certains croient à Lamuka (opposition) et d’autres sont du côté de l’Union Sacrée de la Nation (pouvoir). Nous avons aussi des centristes ou encore du FCC. Il y a aussi, au sein de notre association, des membres qui sont apolitiques. Voilà cette liberté de tendance qui fait notre force. Lorsqu’on adhère à l’Asbl ‘‘Les Kinois’’, on laisse sa casaque ou sa couleur politique, dehors, pour ne défendre que la Ville de Kinshasa. Voilà notre point commun.
Quel bilan faites-vous jusque-là de la gestion de la Ville de Kinshasa par l’actuel gouverneur Gentigny Ngobila ?
B.A : Nous attendons la fin de son mandat de 5 ans pour exprimer notre point de vue. Il est trop tôt pour juger son bilan à la tête de la Ville. Nous avons vu ses projets. Bientôt 2023. On prend encore notre mal en patience avant de donner notre cotation de valeur pour dire si le Gouverneur a été à la hauteur ou pas.
Y a-t-il des conditions particulières pour adhérer à l’ASBL ‘‘Les Kinois’’ ?
B.A : Il faut être parrainé. Nous voulons que la personne, qui veut nous rejoindre, ait une probité morale. Nous visons le parrainage parce qu’une probité morale ne peut être témoignée que par quelqu’un qui vous connaît.
Selon certaines langues, votre Association bénéficie des financements d’un grand parrain pour soutenir vos actions. Qui est derrière vous ?
BOB AMISSO : Nous n’avons pas un parrain. Par contre, nous avons Dieu avec nous. Nos actions sont réalisées grâce aux cotisations des membres.
Propos recueillis par Jordache Diala
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