A l’époque, elle était mineure ignorante. Aujourd’hui, elle est mature, consciente et maitrise quelques notions élémentaires de droit, à travers ses avocats conseils. Mais pas sur le droit à l’image. Elle c’est Mme Sylvie Mbilisi.
Cette jeune dame séjourne dans la capitale congolaise pour réclamer son droit à l’image. En effet, elle a été filmée sans son consentement lors du tournage du clip vidéo de la chanson «Etepe Buengo» de Didier Masela, guitariste et fondateur légendaire du groupe Wenge Musica 4×4 Tout terrain. Or, la vidéo a été commercialisée et vendue dans tous les quatre coins de la planète. En outre, cette œuvre artistique est protégée dans une société des droits d’auteur en Europe. Donc, son auteur en tire encore et toujours des dividendes.
Selon l’histoire, le clip vidéo de la chanson « Etepe Buengo » a été tourné en 1996. A l’époque Sylvie Sanga Mbilisi avait 12 ans d’âge lorsqu’elle est immortalisée dans le clip vidéo de cette mélopée tirée de l’album « Pentagone » de l’orchestre Wenge Musica 4×4 Tout Terrain BCBG.
Sa participation marquera les esprits des mélomanes et fans de Wenge grâce notamment à son exhibition des pas de danse en la manière des adultes.
Il sied de noter qu’on parle bien évidemment d’une gamine de 12 ans. L’adolescente s’est retrouvée ce jour-là dans le village des pêcheurs au bord du fleuve Zaïre à la hauteur de l’immeuble ex-CCIZ (aujourd’hui devenu Fleuve Congo Hôtel). Elle vendait le fufu (farine de manioc) pour épauler sa mère qui venait d’accoucher, apprend-on. Son père étant militaire de FAZ (Forces Armées Zaïroises), il était en mutation à Kisangani, à l’époque.
De camp Kokolo où elle vivait avec sa famille au village des pêcheurs, ce fut l’un des plus beaux jours de sa vie. Elle assistait au tournage du clip « Étepé Buengo » comme de nombreux badauds avant que la production capte son attention sur le talent de cette jeune fille. Directement, elle passa de l’autre côté du décor. Sauf qu’une telle démarche viole le droit à l’image en ce qui concerne la minorité de l’individu.
Pour filmer une fille de 12 ans, il faut au préalable une autorisation parentale et écrite. Devenue aujourd’hui une grande femme, Madame Sylvie Sangi, mariée et mère de plusieurs enfants, explique dans les médias qu’à l’époque, ses parents ayant regardé les images à la télé, ils se sont pris à elle au lieu d’engager des poursuites à l’encontre de la production vidéographique des Anges adorables.
Droit à l’image : Que dit la législation congolaise ?
D’ailleurs, c’est cela la difficulté dans cette histoire… La loi congolaise n’est pas précise en ce qui concerne le droit à l’image. Le législateur congolais mélange le droit à l’image au droit d’auteur. Dans la pratique, Ce sont deux droits différents. Sous d’autres cieux, la question de droit à l’image est confiée aux tribunaux d’en décider. Les juges analysent de manière distincte les images prises dans un lieu public (il y a des circonstances atténuantes). Par contre, dans un lieu privé, il sera question de violation de l’intimité. Donc, les juges sont sévères.
Par ailleurs, la démarche revendicatrice de Mme Sylvie Sangi, même à l’époque, aurait connu des bâtons dans les roues. Car, Wenge était sponsorisé par le fils du Président Mobutu, le Major Kongolo surnommé «Saddam».
Pis encore, un an après, sa participation involontaire dans le clip vidéo en question, Wenge s’est disloqué. Juridiquement, sa plainte n’aurait aucun effet.
En 2022, donc 26 ans après, ayant appris, que Wenge s’est réconcilié et reformé, Mme Sangi résidant, désormais, à Moanda dans la province du Kongo Central, estime que le moment est venu. Pour elle, les retrouvailles des anges Adorables constituent une véritable aubaine pour réclamer aussi sa part de gain.
Elle s’insurge contre Wenge qui a utilisé sa juvénilité. Voilà l’objet de son séjour à Kinshasa en pleine euphorie de l’évènement, marquant la réconciliation du groupe.
Dans la capitale congolaise, Mme Sylvie Sangi est logée chez ses proches. Depuis la semaine d’avant la production de Wenge sur scène, au stade des Martyrs, la jeune femme a engagé les démarches pour rencontrer les administrateurs de cette formation référentielle de la 4ème Génération de la musique congolaise. Mais, personne de Wenge n’a voulu la recevoir. Jusqu’à preuve du contraire, la figurante du clip « Etepe Buengo » déambule désormais en ridicule être.
Le fondé du pouvoir rattrapé par l’article 58 de la loi sur la protection de l’enfant !
Selon les dernières informations en notre possession, Mme Sylvie Sangi s’apprête à déposer une plainte au tribunal contre l’auteur de la chanson, qui n’est autre que le bassiste Didier Masele, Fondateur du Clan Wenge.
Outre la violation du droit à l’image, la plaignante est motivée surtout par l’article 58 de la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant qui stipule : » L’enfant est protégé contre toutes les formes d’exploitation économique. L’exploitation économique s’entend de toute forme d’utilisation abusive de l’enfant à des fins économiques L’abus concerne notamment le poids du travail par rapport à l’âge de J’enfant, le temps et la durée do travail, l’insuffisance ou l’absence de la rémunération, l’entrave du
travail par rapport à l’accès à l’éducation, au développement physique, mental, moral,
spirituel et social de l’enfant ».
Il sied de retenir que la condition de l’enfant dans le monde en raison de sa vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle,
nécessitant de soins spéciaux et une protection particulière n’a cessé d’interpeller depuis un
certain temps la communauté internationale et nationale.
Signalons en passant que les adorables de Wenge Musica 4×4 BCBG ont été imposants le week-end dernier au chapiteau de Pullman Hôtel, à l’occasion de leur deuxième concert de retrouvailles, après 25 ans de scission de ce groupe mythique de la 4ème Génération de la musique congolaise.
Affaire à suivre !
Jordache Diala