Ces derniers jours si pas semaines, l’opinion publique assiste à des révélations troublantes sur divers dossiers financiers impliquant des millions où entre autre se trouve épingler in fine le Ministre des Finances Nicolas Kazadi. Mais elle assiste aussi à un silence assourdissant des institutions compétentes au niveau de la justice tant les chiffres avancés font délirer.
Au nombre des dossiers au centre de ce scandale, le projet d’installation des 1000 stations d’eau à travers la République Démocratique du Congo mené par le consortium Stevers construct et Sotrod water à travers le ministère de Développement rural, et celui de l’installation des lampadaires à travers la ville de Kinshasa, est au cœur de l’actualité congolaise. Histoire qui n’arrange pas le ministre des Finances Nicolas Kazadi. Et pas pour rien.
Allons. La surfacturation dans ce dossier qui porte sur l’installation de forages publics est un fait, pour plusieurs raisons. D’abord, ce projet n’a pas suivi la chaîne de la dépense, qui permet aux services du ministère du Budget d’exercer la vérification des prix. C’est-à-dire que tout le paiement public ici a été exécuté en procédure d’urgence. Alors que le principe veut que celui qui paie en procédure d’urgence assume la responsabilité de toutes les irrégularités.
Dans ce projet largement commenté dans l’opinion, le modèle proposé par Mike Kasenga le président directeur général de la société Stever qui gère l’installation des forages, pose un problème : une unité ne peut pas dépasser 30 000 dollars, selon les experts attitrés. Un forage, une petite machine de purification d’eau, des citernes de 7m³ placées à côté, le panneaux solaire qui doit faire fonctionner ce forage, et une petite installation pour puiser de l’eau, ne peut en aucune manière coûter plus de 30 000 dollars. Les experts sont unanimes : « un seul forage et les outils mentionnés qui lui sont rattachés ne peuvent pas coûter 290 000 dollars, sinon c’est une véritable surfacturation. C’est inimaginable ! »
Il y a un an, l’État Congolais avait payé plus de 71 millions de dollars sur base de ces prix surfacturés, qui faisaient au moins une équivalence de 300 forages. Seulement, sur le terrain, tous ces 300 forages ne sont pas retraçables, ne sont pas visibles.
Étonnamment, dans ce contexte où l’évolution de ce projet des forages pose problème sur le terrain, au lieu de voir le ministre du Développement rural Rubota apporter les éclaircissements car c’est lui qui doit en réalité détenir tous les éléments en tant qu’autorité technique, c’est plutôt le ministre des Finances Nicolas Kazadi qui communique alors qu’il n’est pas censé avoir les éléments d’informations.
Alors que le plus simple, c’est d’exiger à Mike Kasenga le PDG de Stever la société qui mène le projet, la localisation complète, la cartographie exacte de ces 300 forages installés dans chaque province, et comme ça l’affaire sera classée. Le peuple congolais qui porte à cœur l’amélioration de son quotidien va le savoir car c’est lui qui paie. Ce n’est donc pas au Ministère des Finances que les comptes sont exigés, plutôt au Ministère de Développement rural et au consortium Stever construct et Sotrod qui sont les techniciens pour ce projet.
La société Stever, inconnue par l’État Congolais
Le plus grave, la société Stever qui a bénéficié de ce grand marché public d’installation de forages, n’est même pas connue de la DGE – la Direction des grandes entreprises de la DGI, qui gère les grandes entreprises. Elle n’est même pas connue de la très rigoureuse DGI donc. Cela veut dire que cette société ne paie même pas les impôts parce qu’elle n’est pas connue par la DGE. Imaginez… Et c’est le ministre des Finances qui communique. Suspect.
Le projet d’installation des lampadaires soutenu par Nicolas Kazadi
Autre dossier. 13 millions de dollars américains ont été payés par l’État Congolais il y a de cela un an, pour l’installation des 2500 lampadaires à travers la ville de Kinshasa, en raison de 5000 dollars l’unité, dans le but de donner plus de volume à l’éclairage public et de lutter contre l’insécurité. Garder à l’esprit que le prix d’un lampadaire oscille aux alentours de 1000 dollars. Sauf qu’il demeure ici un grand flou car il est actuellement impossible de tracer l’installation de ces lampadaires déjà payés par l’État. Et le ministre des Finances Nicolas Kazadi tente de couvrir l’imbroglio. Dommage, une question reste pendante : où se trouve les 2500 lampadaires dont l’unité coûte 5000 dollars américains, et que le Ministère des Finances avait autorisé le financement ?
La légèreté avec laquelle le ministre Nicolas Kazadi traite ce dossier, alors qu’il sait pertinemment bien que ce projet d’éclairage public se rapporte au social du peuple Congolais, devient suspect. Surtout que « le peuple d’abord » est le leitmotiv perpétuel du chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Et voilà, nul besoin de diaboliser l’Inspection générale des finances, alors que le peuple est témoin de la surfacturation dans le projet d’installation des forages et de l’inexistence de l’implantation des lampadaires, car l’exécution complète est toujours attendue.
Face à tout ceci, l’on se demande à quand la justice congolaise voudra bien entendre les personnes citées pour que la lumière soit.
DMK