‘‘Révolution Urbaine : Des Solutions Durables du corridor pour Kinshasa et Kongo Central’’ a été la thématique principale de la 8ème édition de l’Expo Béton tenue du 9 au 12 septembre à Kinshasa avant de continuer du 14 au 20 Septembre 2024 à Matadi dans la province du Kongo Central. A Kinshasa, de nombreux visiteurs congolais et étrangers ont participé aux conférences et expositions au centre financier qui a reçu également la présence du chef de l’Etat et les membres du gouvernement.
On a également noté la visite de Me Charles Kabuya, un congolais averti, outillé et réputé pour ses connaissances et analyses pertinentes sur plusieurs questions de société en République Démocratique du Congo.
« Une visite à la récente édition de l’EXPO BÉTON à Kinshasa a permis de constater un foisonnement de projets immobiliers qui rivalisent d’ambition, de grandeur et d’originalité architecturale », a-t-il déclaré dans sa dernière tribune sur cet évènement annuel qui réunit des entreprises évoluant dans le domaine de construction et d’infrastructure.
Et d’ajouter : « C’est une excellente chose, car cette gigantesque métropole a besoin de rattraper son retard en termes d’infrastructures immobilières (le parc immobilier des quartiers d’affaires est vétuste et insuffisant) et d’offres d’espace de bureaux modernes et de logements de qualité. Mais surtout ces projets immobiliers ont l’avantage de privilégier les constructions en hauteur».
En effet, explique Charles Kabuya, Kinshasa est essentiellement construite horizontalement, ceci a eu pour conséquences d’élargir considérablement la ville, d’augmenter les distances et d’aggraver les problèmes de transports.
« Le rapport du nombre d’habitants par mètre carré en zone urbaine est très faible à Kinshasa, où une parcelle n’est habitée que par une ou deux familles en moyenne, alors que la même surface avec une construction en hauteur hébergerait plus de ménages… », a-t-il fait savoir.
Cependant, poursuit-il : « ces projets en cours, initiés par des investisseurs privés, sont d’un standing trop élevé pour la population, même pour la classe moyenne en gestation, composée essentiellement de jeunes employés et cadres qui aspirent à une meilleure qualité de logements, mais dont les revenus sont assez faibles. Ces projets visent plutôt une petite catégorie plus nantie financièrement, ainsi que les investisseurs intéressés par les placements immobiliers ».
Pour Charles Kabuya, il n’y a pas de juste milieu, d’offres de logements intermédiaires avec des commodités basiques pour la classe moyenne.
« L’habitat des congolais est caractérisé par une rareté des logements, leur insalubrité et leur cherté à la location. D’ailleurs ce secteur n’est pas régulé comme le prévoit la loi», fustige-t-il.
Et de renchérir : « Face à cette situation où la carence des logements constitue un grave problème social, l’État devrait emboîter le pas en initiant des programmes de logements sociaux, ou à loyer modéré, à travers des sociétés immobilières d’économie mixte, et aussi encourager les provinces à mettre en place des programmes de logements ».
Dans un premier temps, le modèle faisant appel à une contribution patronale pourrait être mieux indiqué. Par exemple, en France c’est la contribution dite « 1% patronal » (une taxe sur la masse salariale) qui permet aux salariés des entreprises contributrices au programme immobilier d’avoir un accès privilégié à une catégorie de logements à loyer modéré.
« Pour ce type de logements des constructions en hauteur rentabiliseraient beaucoup plus chaque mètre carré de sol, contrairement au modèle colonial « à pigeonniers » sur lequel ont été bâties les cités pour « indigènes évolués », à l’exemple de Bandalungwa et de Lemba, ou encore celui de la cité verte et de la cité Maman Mobutu, construites après l’indépendance », renseigne l’analyste congolais.
Pour Charles Kabuya, cette nouvelle option urbanistique et architecturale présenterait plus d’avantages dans l’optimisation de l’occupation des sols et freinerait la tension dans l’immobilier et l’enchérissement excessif des terrains dans et autour de la ville de Kinshasa.
Jordache Diala
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