« Je sais que la tâche est grande, les défis sont immenses. Mais ensemble, avec le chef de l’Etat, avec l’appui de notre gouvernement, de toutes les institutions, ainsi que de toute la population congolaise, on y arrivera ». Telle est la première phrase sortie de la bouche de Mme Judith Suminua Tuluka, quelques minutes après l’annonce de sa nomination par le Président de la République au poste de Première Ministre de la République Démocratique du Congo, ce lundi 1er avril 2024, sur les antennes de la télévision nationale. Et d’ajouter : « Mes pensées vont à l’Est de la RDC et dans tous les coins du pays qui, aujourd’hui, sont confrontés à des conflits face à des ennemis qui sont souvent cachés, qui ne se révèlent pas, mais qu’on trouvera, qu’on va pourchasser d’une manière ou d’une autre ».
Cette déclaration renseigne un sens d’engagement d’une femme ferme et déterminée à bouleversée les données dans l’appareil gouvernementale pour la paix et le développement de la patrie. « Il faut donner au chef de l’Etat Fatshi la possibilité de continuer sa vision de faire de ce pays un Eldorado pour l’avenir de nos enfants. Je mettrai moi-même la main dans la patte », a-t-elle souligné lors de la campagne électorale de décembre dernier, sans pourtant savoir qu’elle sera nommée Chef du gouvernement dans trois mois.
Qui est cette femme qui a séduit et convaincu le chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi ?
Née le 19 octobre 1967, Judith Suminwa Tuluka est mariée et mère de 2 enfants, un garçon et une fille âgés respectivement de 23 ans et 19 ans. Elle est issue d’une famille de 9 enfants où à la maison, les parents demandaient « de participer de manière collaborative à l’afflux de la famille avec tout ce qui s’ensuit : apprendre à préparer, à dresser une table, à s’occuper de la maison, à ranger la chambre », a-t-elle déclaré, se confiant à un média.
Elle était jusque-là ministre d’Etat chargée du Plan dans le gouvernement sortant de Sama Lukonde.
Après avoir voulu devenir médecin ou intégrer l’armée, Mme Tuluka a finalement décidé de faire des études d’économie afin d’accomplir son « rêve de travailler dans une banque ». Mme Tuluka a commencé ses études à l’Université catholique de Louvain en Belgique. Mais après avoir raté sa deuxième candidature, elle est allée faire son graduat en comptabilité.
Ce qui lui permis de repartir à l’université pour faire sa licence et son master en Économie appliquée, option gestion financière à la faculté économique de Mons en Belgique. Ensuite elle reçoit son diplôme complémentaire en Sciences du travail, en option travail au pays en développement.
Mme Tuluka est rentrée en RDC en décembre 1997. « Ce n’était pas facile avec l’entrée de l’AFDL. Mais, je tenais à mes plans. J’étais fiancée à l’époque, ensemble avec mon mari, on avait décidé de rentrer pour faire notre vie au pays », a-t-elle indiqué.
Parcours très éloquent !
Au pays, elle a travaillé à City Bank pendant une année. Puis un jour, elle dépose son CV au Haut-Commissariat des Nations Unies pour le Droit de l’Homme, elle a été retenue après un test d’embauche, comme assistante administrative et financière.
Au bout de six mois, elle a été embauchée au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) recrutée comme expert national pour la cellule de coordination humanitaire.
Pendant deux ans, Mme Tuluka a travaillé comme chef de deux projets: l’un pour la réforme de l’armée et l’autre pour la réforme de la police au Comores.
Après avoir quitté les Nations Unies, elle a travaillé au ministère du Budget comme conseillère en charge de la cellule conduite du changement. Quittant ainsi le carcan de la réforme sécuritaire pour entrer dans le domaine de la gouvernance et du développement.
Au budget, Mme Tuluka a travaillé sur la réforme des finances publiques avec un focus sur la réforme budgétaire. « Ça m’a permis d’avoir une meilleure connaissance de toutes les politiques publiques pour le développement du pays », a-t-elle avoué. Parce que le budget doit aligner des chiffres qui permettent à ses politiques d’entrer en exécution.
Après le ministère du Budget, elle est retournée au PNUD comme Coordonnatrice du Programme du pilier gouvernance et renforcement de la démocratie où elle a passé plus de 4 ans. Pendant la période du Covid, Mme Tuluka est restée à la présidence de la République comme Coordonnatrice adjointe du Conseil présidentiel d’éveil stratégique, avant d’être nommée ministre d’État, ministre du Plan. Puis le 1er avril 2024, elle est la première femme de l’histoire de la RDC à occuper les fonctions de Premier ministre. Elle est aussi la première originaire de la province du Kongo central nommée aux fonctions de chef de l’Exécutif national.
Rappelons qu’au sein du gouvernement Sama Lukonde II où elle est entrée en mars 2023, cette femme a initié le plan stratégique de gouvernance 2024-2028.
Ses dernières traces au ministère du Plan
Parmi les actions marquantes de son passage au ministère du Plan, l’on note la conception et le lancement il y a 7 jours du Plan national stratégique de développement (PNSD) 2024-2028, devant servir de référence en République démocratique du Congo (RDC) pour toutes les actions du gouvernement et ses partenaires, a déclaré le ministre du Plan.
« Ce PNSD 2024-2028, en accord avec la vision du Président Tshisekedi, servira de référence pour toutes les actions du gouvernement et de ses partenaires, en vue d’assurer le bien-être économique et social de l’ensemble des citoyens congolais », avait-elle déclaré.
A cela s’ajoute l’ambitieux programme de développement à la base de 145 territoires dont elle devra poursuivre la mise en œuvre, surtout sa deuxième axée sur la construction des routes de dessertes agricoles.
Pour de nombreux observateurs, sa nomination est une avancée majeure qui marque un tournant significatif dans l’histoire politique du pays. Avouons-le, après Sama Lukonde ça ne sera pas facile d’apporter un changement.
Qui vivra verra !
Jordache Diala
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