Congolaise de la République Démocratique du Congo, Claris MOTHO fait partie de la génération montante des chanteuses qui assurent valablement la relève de la Rumba. Très belle voix, ce jeune artiste vient de lancer une nouvelle chanson engagée intitulée « Silence brisée », sur le marché digital des musiques. Son œuvre a fait l’objet d’une interview exclusive avec le média panafricain ‘‘Afrique-info magazine.net’’, au cours de laquelle la chanteuse MOTHO a expliqué avec véhémence sa motivation du message véhiculé à travers cette composition intéressante. Basée actuellement à Lubumbashi, la star a également saisi l’occasion pour annoncer la vision de sa carrière artistique en 2022. Suivez-la :
Afrique-info : Dans quel état d’esprit avez -vous enregistré la chanson « Silence brisé » ?
Claris Motho : J’étais très choquée en regardant une image dans la ville de Beni où une mère tuée et jetée par terre et puis son enfant vivant se fait allaiter tout en ignorant que sa mère ne respire plus. Il y a beaucoup d’atrocités et autres massacres dans cette partie Est de notre pays. Cette région est déchirée, depuis plus d’une décennie, par l’insécurité et sans oublier surtout des cas de viols réguliers des femmes par les forces négatives. Ces gens ne connaissent pas la valeur de la femme. Ils font ce qu’ils veulent de nos mamans parce qu’ils savent que personne ne va lever un doigt pour agir.
Afrique-info : N’est-ce pas que les jeunes du groupe MPR vous a aussi inspiré dans la composition de cette chanson qui contient un message fort et interpellateur ?
CM : Je dirai non. C’est juste que ma chanson est sortie après «Nini tosali te » de mes frères du MPR. Mais, je l’ai écrit pendant mon confinement au Rwanda.
Afrique-info : Pourquoi avoir employé le terme « Règle douloureuse » dans ce genre de chanson ?
CM : Ça dépend de la manière dont les gens vont la trouver et l’interpréter. Je suis une femme alors je connais cette douleur de saigner chaque mois mais malgré cela ça se soigne. J’imagine maintenant mon pays qui saigne régulièrement sans être secouru. Sur le plan linguistique, je ne fais qu’utiliser la métaphore, une figure de style qui sert à établir la comparaison.
Afrique-info : Croyez-vous vraiment qu’avec cette phrase, votre chanson sera facilement acceptée dans les salons de Kinshasa ?
CM : Toutefois, pourquoi avoir honte de parler de règle ? Ce n’est pas un tabou comme on peut développer un thème sur la sexualité aujourd’hui dans une chanson. Le sujet n’est pas règles douloureuses dans ma chanson. C’est juste un exemple donné par une femme qui imagine la douleur que subissent ces frères et sœurs à l’Est de son pays.
Afrique-info : A qui vous vous adressez concrètement ?
CM : Aux congolais hypnotisés par la politique mensongère. A ceux-là qui détruisent le pays. Aux dirigeants du monde qui font semblant d’ignorer la situation à l’Est. Pourtant ils ont le pouvoir d’y mettre fin. Après, ils viendront nous que ‘‘RDC eza kaka eloko ya makasi’’ (RDC, une notion forte) ??
Afrique-info : Vous êtes connu beaucoup plus comme chantre d’amour. Avec le titre « SILENCE BRISÉ », peut-on dire que vous êtes désormais dans la musique engagée ?
CM : Je l’ai toujours été. Donc, une artiste engagé à défendre les droits de la femme et surtout à lutter contre les toutes formes de violences faites aux femmes dans la société. J’écris beaucoup de chansons poignantes et moralisatrices. Seulement que certaines œuvres ne sont pas encore mises à la lumière. Il y a peu, j’ai sorti une chanson »Athée » qui dénonce la violence conjugale. C’est une chanson que je dois remixer pour bien relancer sa promotion sur le marché.
Afrique-info : Quels sont les artistes qui vous a accompagné dans la réalisation de la chanson ‘‘Silence brisé’’ ?
CM : Johnny Kulu, artiste guitariste et auteur-compositeur de talent. C’est un ami de Goma. Nous avons enregistré tout à la maison. De la guitare en passant par la prise de voix jusqu’à l’arrangement, tout s’est fait en live pendant le confinement.
Afrique-info : Un moment, vous aviez élu domicile à Kigali, puis aujourd’hui vous êtes à Lubumbashi. Qu’est-ce qui vous a motivé d’abandonner Kinshasa ?
CM : Kinshasa reste ma ville mère. Lubumbashi, c’est pour des raisons personnelles. Comprenez que j’ai une autre vie derrière le podium. En plus, l’artiste peut être partout en même temps à travers le média. Il suffit d’être bien soutenu avec une bonne promo.
Afrique-info : Comment se présente votre bilan 2021 sur le plan artistique?
CM : L’année 2021 était remplie des prestations scéniques qui m’ont rendu heureuse car, 2020 était trop dure. Je crois que 2022, je serai plus présente au niveau des médias. J’adore la scène ! Mon plus beau spectacle de l’année était sur le podium du Festival international des musiques urbaines (Lubum hip hop), à la Halle de l’Etoile à Lubumbashi (Institut Français de Lubumbashi).
Propos recueillis par Jordache Diala
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