Comme chaque année, le monde entier célèbre le 21 août la journée internationale de la mode. En République Démocratique du Congo, la styliste et formatrice de la mode, Mme Lydia Nsambayi Ntumba a salué cette célébration qui constitue une occasion de plaider auprès du gouvernement pour accompagner et valoriser les acteurs de la mode dans la promotion des œuvres vestimentaires congolaises. Dans un entretien accordé à Afrique info magazine, la secrétaire générale académique de l’ISAM (Institut supérieur des arts et métiers) à Kinshasa a appelé également la population à consommer la mode locale pour soutenir les stylistes et couturiers afin de stimuler la création de l’industrie de la mode en RDC. Elle a également profité de l’occasion pour préciser sur le concept »sapologie » que beaucoup de gens confondent avec l’identité vestimentaire congolaise.
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Que représente pour vous la journée internationale de la mode célébrée le 21 août de chaque année ?
Lydia Nsambayi : En République démocratique du Congo, cette journée représente une célébration de la mode. Nous comptons imposer petit à petit cette date pour fêter de manière internationale la mode congolaise. Depuis 2019, nous avons organisé plusieurs activités à cette occasion. Nous espérons que le ministère de la culture, arts et patrimoines va porter haut cette journée et va également l’entériner dans le calendrier national des célébrations officielles. Voilà le souhait de tous les acteurs de la mode (stylistes, modélistes et couturiers, artistes make-up). Nous sommes derrière cette célébration que nous célébrons régulièrement depuis deux ans en RDC. Nous pensons que notre ministre de tutelle va désormais prendre en main cette journée et va l’imposer sur le plan national.
Quelle est la place de la mode dans la société congolaise d’aujourd’hui ?
L.N : La mode a une place prépondérante dans notre société. Elle est généralement au centre de l’activité de tous les congolais en général et des kinois en particulier. Raison pour laquelle Kinshasa est considérée comme capitale de la Sape (société des ambianceurs et personnes élégants) en Afrique. Mais vous devez savoir que la sapologie n’est pas l’identité de la mode congolaise. C’est une performance artistique vestimentaire qui s’apparente au Dandytisme du 18ème siècle. Le concept Sape ne peut pas être limité au sens de la ‘‘sapologie’’mais c’est aussi l’art de mieux s’habiller. Dans le monde entier, les congolais sont reconnus et identifiés par sa façon de s’habiller ou de saper. Car, l’habit fait le moine en RDC. Vous allez constater qu’un congolais met toujours un accent particulier sur l’habillement lors d’une fête de mariage, soirée de musique, même au travail et autres cérémonies. Voilà pourquoi nous soulevons le contraste que nous déplorons lors de nos conférences entre le besoin de bien s’habiller et l’identité vestimentaire qui caractérise justement le peuple congolais en cette matière.
Une étude confirme que les congolais préfèrent plus le prêt-à-porter importé à la place de la fabrication locale. Partagez-vous cette thèse ?
LN : Évidemment, les congolais ont une culture vestimentaire qui met parfois en difficulté les créateurs de mode, couturiers, stylistes et modélistes en RDC. La pratique a démontré que les congolais sont orientés vers la mode étrangère. Voilà pourquoi, nous avec notre plateforme ‘‘Kinshasa mboka masano’’, Fecoma et tant d’autres organisations dans la corporation, nous sommes engagés à sensibiliser la population à consommer d’abord congolais sous toutes ses formes (prêt-à-porter, simple, luxe ou sur mesure) en premier. Nous avons vraiment besoin de changer la mentalité des congolais en termes de culture, identité et consommation congolaise. Voilà notre plaidoyer : plus de couleurs, plus de la mode congolaise. Nous voulons que la jeunesse congolaise puisse s’identifier par les vêtements cousus par les stylistes et couturiers congolais.
Quelle est la politique de l’ISAM étant école de formation pratique pour renverser la tendance sur le marché de la mode?
Lydia Nsambayi : La mission de l’Isam consiste essentiellement à former des étudiants sur le métier de la mode mais aussi de leur faire comprendre l’importance des valeurs culturelles à travers la mode. Du point de vue créativité, nos différents enseignements essayent de ramener les futurs stylistes ou modélistes dans le passé. De s’inspirer des vêtements qui ont été portés par nos aïeux. Qu’ils puissent avoir des référentielles ancestrales. Il est question de nous focaliser et à créer sur un identifiant et une référence. Tous nos cours concourent et mettent en accent sur cette identité.
Propos recueillis par Jordache Diala
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