Du 22 au 24 décembre dernier, la salle de spectacle du Palais du peuple à Kinshasa a servi de cadre pour célébrer la consécration de la Rumba Congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. ‘‘Célébrons la Rumba’’ est le concept choisi pour donner la quintessence à cette manifestation qui avait un caractère officiel. D’où la participation des autorités ainsi que de la population était vivement souhaitée et attendue pour fêter avec faste cette reconnaissance de la musique congolaise par l’UNESCO.
Malheureusement, il a été observé un désintéressement et surtout une inattention surprenant de la part du public Kinois qui a brillé par son absence criante durant les trois jours de la célébration de la Rumba au Palais du peuple. Pas d’engouement à l’intérieur, non plus à l’extérieur de la salle pour témoigner la nature de l’événement.
Par exemple, le 24 décembre lors de la soirée consacrée à la clôture de la fête de la Rumba, il a été prévu une affiche alléchante qui pouvait impérativement attirée les yéyés. Entre autre : la légende Jossart Nyoka Longo et son intemporel groupe Zaiko Langa Langa Nouvelle Formule; le vocaliste Manda Chante et l’orchestre Bana Ok ainsi que le pionnier Cosmos Mutwari et le groupe Bantou de la Capitale du Congo Brazzaville.
Qu’à cela ne tienne, les mélomanes n’ont pas répondu à ce grand rendez-vous. Toutes ces formations musicales ont joué devant les chaises vides comme vous pouvez le constater sur ces images (photos) d’illustration.
Dans une salle d’une capacité de 1000 spectateurs, Manda Chante, encore moins Zaiko Langa Langa n’a pas pu remplir même un dixième (1/10) de sièges au cours de sa prestation scénique. Une réalité qu’aucune presse conviée à cette fête n’a si révélée.
Du côté des artistes, on a remarqué une démotivation et regret parce qu’ils ne s’y attendaient. Mais, ils n’avaient pas d’autres choix que d’honorer leur engagement.
Sur scène, Nyoka Longo, Manda Chante, la jeune chanteuse Chimène Folo ainsi que les Brazzavillois de Bantou de la Capitale ont mis feu dans une salle pratiquement vide. Ils ont tenté de communier avec quelques personnes présentes mais les choses n’ont pas fonctionné comme d’habitude.
Et pourtant l’entrée au Palais du peuple était gratuite. A l’intérieur, la boisson était aussi servie gratuitement aux amoureux de la Rumba par une grande société brassicole de la Capitale, qui a disposé toute une gamme de ses produits.
Selon les informations à notre possession, le Centre Wallonie Bruxelles, à travers son projet Rumba parade, et le FIRE (Festival international de la Rumba et de l’Elégance) ont été en charge de l’organisation de cette célébration de la Rumba à Kinshasa.
Causes de l’échec !
Cet échec en terme de mobilisation du public a poussé les observateurs de faire une analyse afin de cerner les raisons exactes de ce déboire. Parce que c’est inexplicable que les deux structures expérimentées en matière d’organisation des événements culturels puissent lamentablement échouer au Palais du peuple ?
Deux hypothèses sont avancées pour mieux dénicher les failles et ses raisons.
Primo : les dirigeants Congolais-Kinshasa n’ont pas été préparés pour la victoire de la Rumba après son inscription sur la liste de patrimoine immatériel de l’Unesco. Ils ont constitué et défendu le dossier sans y mettre l’amour comme l’ont démontré leurs voisins de la République du Congo.
Secundo : la mauvaise stratégie de communication a trahi les organisateurs qui sont les responsables du FIRE et de la Rumba parade.
Sans matraquage médiatique en terme de publicité, ils ont précité d’organiser la fête sans associer des chroniqueurs réputés et des médias à forte audience qui savent bien porter un évènement. A la veille de la manifestation au Palais du peuple, apprend-on, le comité organisateur a tenu une conférence de presse restreinte à la Bibliothèque de Wallonie Bruxelles à Gombe au cours de laquelle un poignet des journalistes avait été convié mais sans impact.
Les musiciens sacrifiés !
Conséquence : La célébration de la Rumba reste un événement méconnu du grand public Kinois qui adore, pourtant, sa musique. Or, l’initiative était bonne.
Sur le plan technique, on a salué particulièrement l’armada d’instruments mis à la disposition des artisans de la Rumba pour assurer une meilleure qualité de la sonorisation. Ces équipements de musique ont permis aux musiciens de s’exprimer comme des poissons dans l’eau. La scénographie a été également hyper bien dirigée du début jusqu’à la fin. Sur ce point, rien n’a reproché aux organisateurs.
Concernant la programmation, il faut au moins reconnaître que la sélection des groupes musicaux et artistes choisis a été impeccable pour agrémenter la fête durant les trois jours d’affilé.
Des figures emblématiques et artisans majeurs de la Rumba de deux rives (Congo Brazza et Kinshasa) ont fait des exhibitions spectaculaires attrayantes mais en vain. Parce qu’il n’y a pas des mélomanes dans la salle pour amplifier l’ambiance et soutenir les artistes sur scène. Or, comme on dit au football, les supportes constituent le 12ème homme. Ils sont très importants surtout dans l’art pour motiver les artistes.
Donc, si la musique est considérée comme premier art populaire du monde, il faut dire que cela n’a été le cas durant le 22-23-24 décembre au siège du Parlement congolais où les musiciens ont ramassé de la poussière au pays de la Rumba.
Qui dit mieux ?
Jordache Diala
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