La 75ème édition du festival international du Film de Cannes aura bel et bien lieu du 17 au 28 mai 2022 en France. Plus d’une dizaine de courts et longs métrages réalisés, les acteurs et les réalisateurs, à travers le monde, sont retenus pour participer à ce grand rendez-vous de la fête du 7ème art.
Les grandes réalisations produites sorties récemment de l’industrie cinématographique en Europe, Asie et Amérique vont concourir pour gagner et inscrire leur nom dans le Palmarès. Sauf les réalisations signées par les films réalisés par les acteurs et réalisateurs Russes.
Au cours d’une interview accordée à notre confrère de France-info, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a justifié cette décision d’exclure les délégations russes à cette 75ème édition de Cannes en France.
Pour lui, l’organisation a voulu marquer sa désapprobation, aussi modeste soit-elle, sur l’évasion Russe en Ukraine. « L’Europe est en guerre. Dans le monde du sport et de la culture, des voix se font entendre, et il fallait faire entendre la nôtre. C’est compliqué aussi car on veut soutenir le peuple ukrainien et en même temps, on veut aussi dire qu’il y a des gens qui protestent contre cette guerre à l’intérieur du territoire russe. Les cinéastes russes que nous avons l’habitude d’accueillir à Cannes nous ont alerté depuis des années sur la situation faite au peuple russe par le gouvernement de Vladimir Poutine. On voulait soutenir les Ukrainiens. Cannes a l’habitude d’accueillir les cinéastes ukrainiens. Sergueï Loznitsa, qui était encore en sélection officielle l’an dernier, nous a dit que ces soutiens étaient précieux. On a voulu marquer notre désapprobation, aussi modeste soit-elle », a déclaré Thierry Frémaux.
Cette décision politique du Festival de Cannes a surpris plusieurs observateurs et a suscité surtout beaucoup de commentaires dans divers sens au niveau des médias internationaux et aussi sur les réseaux sociaux.
Réagissant aux polémiques dans la toile, le Délégué général du Festival de Cannes renseigne que le Festival fait souvent beaucoup de politiques car les artistes en font, et qu’on montre leurs films.
« Mais n’oublions pas que Cannes est né en 1939 en protestation contre la Mostra de Venise, aux mains de Goebbels et Mussolini, et que Jean Zay et Philippe Erlanger [créateurs de Cannes] ont dit qu’il fallait un festival du monde libre. Cannes a toujours été empreint de cette idée-là. Lorsqu’en 1946 le Festival a repris, c’était sur les années d’espérance, de l’idée qu’il n’y aurait plus jamais de guerre. On se sent donc complètement dans le fil de l’histoire. Il n’est pas question pour nous d’accueillir des délégations officielles du gouvernement russe », a –t-il martelé.
A la question de savoir ce que le monde du 7ème peut s’attendre de l’impact de cette exclusion sur les films ou acteurs russes, Thierry Frémaux pense qu’il ne faut pas sous-estimer l’ampleur de la protestation, parce qu’elle est sourde et qu’il y a de la répression. On veut aussi être aux côtés de ces cinéastes.
«La sélection commence à peine. On n’a pas encore vu de film russe ni ukrainien. Ce n’est pas cette question-là qui se pose. Souvenez-vous du film Léviathan d’Andreï Zviaguintsev : nulle œuvre que celle-là peut mieux dire ce qu’est devenu la Russie sous le gouvernement de Vladimir Poutine récemment. On a aussi des cinéastes comme Alexandre Sokourov qui ont pu montrer au début, à l’arrivée de Poutine, leur soutien à ce gouvernement, et qui depuis ont changé d’avis. On veut aussi être aux côtés de ces cinéastes. Je dis attention. Les films russes que nous montrons sont anti-Poutine. Les cinéastes, quand ils prennent la caméra, c’est souvent pour dire des vérités que le peuple russe ne connait pas, en raison de la manipulation de l’opinion », a conclu le Délégué général du Festival de Cannes.
Jordache Diala
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