Les conditions de travail des artistes et professionnels de la culture en République Démocratique du Congo ont été au centre d’un atelier de réflexion organisé par JazzKif Founders en collaboration avec le Collectif des Artistes et Culturels (CAC-ASBL) à l’espace Jazz Connexion dans la commune de Kasa–Vubu, au centre de Kinshasa.
« Pendant deux jours, les créateurs des œuvres de l’esprit, les entrepreneurs culturels et les autres professionnels du secteur en général se s’étaient réunis pour réfléchir et proposer des idées qui vont contribuer à l’amélioration des conditions de travail de ces derniers, souvent précaires et fluctuantes », a indiqué Paul Ngoyi Le Perc, président de Jazzkif Founders, au terme de ce colloque.
Selon lui, « les résolutions de cet atelier permettront de constituer un argumentaire qui va servir à la mise en place d’une loi sur le statut de l’artiste et de l’entrepreneur culturel dans notre pays, en tenant compte des exigences du code de travail, du régime général de la sécurité sociale et des législations relatives aux impôts et à la propriété intellectuelle ».
Quel régime légal pour la sécurité sociale de l’artiste ?
Au cours de l’atelier, les participants ont décortiqué la situation globale de l’artiste qui a un profil particulier et atypique. « Le créateur congolais exerce des métiers divers, tantôt artistiques, tantôt non. Le caractère cyclique de son activité a pour effet que ses revenus sont généralement irréguliers et aléatoires. L’artiste éprouve énormément de difficultés à bénéficier de certains droits prévus par la législation relative à la sécurité sociale », a fustigé Ados Ndombasi, député national.
Et de poursuivre : « Dans la mesure où les régimes légaux de sécurité sociale en RDC ont été institués pour la fraction de la population active employée dans le secteur formel et exerçant sous l’autorité d’un employeur, il apparaît difficile d’assurer la prise en charge des artistes dans le cadre de ces régimes tels qu’ils se présentent aujourd’hui. Pourtant, la sécurité sociale constitue un droit fondamental inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et reconnu par notre Constitution ».
Vers l’amélioration du statut professionnel
Se basant sur le thème : « Les conditions de travail des professionnels de la culture », le Coordonnateur du CAC –Asbl, Rock Bodo a fait quelques propositions jugées pertinentes pour trouver les voies et moyens de lever les barrières législatives et réglementaires à l’inclusion des artistes et opérateurs culturels dans le dispositif national de protection sociale.
« En mettant en place le statut de l’artiste et l’entrepreneur culturel, le gouvernement congolais reconnaît notre importance dans l’enrichissement culturel, social, économique et politique. Il va aussi reconnaître la créativité artistique comme moteur du développement et de l’épanouissement des entreprises culturelles dynamiques en RDC. Les œuvres des musiciens, comédiens, peintres, cinéastes, sculpteurs, écrivains, poètes, danseurs, stylistes et plasticiens permettent de valoriser la culture du pays. Elles font le lien entre les générations et deviennent, par conséquent, le meilleur moyen de perpétuer l’identité et la culture nationales», a-t-il soutenu.
Et d’ajouter : « Nous estimons qu’il est important d’améliorer très significativement les statuts professionnels de l’artiste et l’entrepreneur culturel, avec le souci de simplifier les textes et les procédures conformément à la recommandation de l’UNESCO sur les conditions de l’artiste adoptée en octobre 1980 (statut social point 5) ».
Le gouvernement appelé au respect des recommandations de l’UNESCO
Il sied de noter que cette recommandation relative à la condition de l’artiste stipule que les États membres devraient s’efforcer de prendre les mesures utiles pour que les artistes bénéficient des droits conférés à une catégorie comparable de la population active par la législation nationale et internationale en matière d’emploi. Ils doivent aussi bénéficier de conditions de vie et de travail, et veiller à ce que ces derniers dits indépendants, bénéficient dans des limites raisonnables, d’une protection en matière de revenus et de sécurité sociale.
Il est à signaler que cet atelier de Kinshasa a été animé par des experts en Droit sur la propriété intellectuelle de Brazzaville et sur l’entreprenariat culturel et des ministères national et provincial de la Culture et arts de la RDC.
La rencontre a été sanctionnée par des résolutions qui vont renforcer et enrichir une proposition de loi portant conditions de l’artiste et professionnels de la culture en RDC, initiée par le Député – artiste kinois Ados Ndombasi.
Selon les organisateurs, l’ensemble des textes de cette proposition seront présentés prochainement, à la communauté culturelle et à la presse à Kinshasa.
Jordache Diala
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