Après plusieurs échecs observés dans le processus de désignation de nouveaux animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le speaker de la Chambre basse du parlement, Christophe Mboso N’kodia, a accordé le jeudi 30 septembre 2021, un ultime délai de 72 heures aux confessions religieuses afin de s’accorder de nouveau sur le choix du successeur de Corneille Naanga. C’est dans cette logique que le président de la plateforme des confessions religieuses, Mgr Marcel Utembi, a convoqué ses pairs dans une assemblée plénière le vendredi 1e octobre 2021 au centre interdiocésain de Kinshasa.
Dans ma récente tribune publiée dès le potron-minet de la tenue de ces assisses, il vous souviendra que nous avions auguré la bérézina de cette assemblée plénière au regard des signes précurseurs. Cela étant, il s’est avéré que les chefs spirituels sont sortis de la salle en se regardant en chiens de faïence. Pour cause : l’interprétation erronée de la correspondance du speaker de la Chambre basse du parlement. Point n’est besoin de faire de l’historicisme. Mais, qu’à cela ne tienne, les signes avant-coureurs se sont corroborés d’emblée par l’attitude de certains chefs religieux, imbus d’eux-mêmes. Le voilà avec toutes sortes d’habits d’apparat, marchant comme un pan et des bouches qui sortent des paroles de mépris aux autres.
En dépit de cette énième impasse, on assiste à une déferlante médiatique de la part des chefs religieux, censés prêcher à travers l’exemple. Ces derniers procèdent aux critiques acerbes contre leurs pairs en alléguant vice-versa des propos contre les autres. La sortie médiatique de la cohorte de six confessions religieuses et celle du tandem ECC-CENCO en font d’ailleurs foi.
D’ores et déjà, d’aucuns se posent la question de savoir les saints auprès de qui la Nation congolaise se vouera pour décanter cette situation du processus de désignation des animateurs de la centrale électorale, étant donné que les chefs religieux ont capoté à leur mission.
Si la Cenco et son co-équipier ECC mettent en évidence l’article 12 alinéa 1 de la loi sur la Ceni et de l’article 8 de leur Charte, les six confessions jurent quant à elles sur la candidature de Denis Kadima. À leurs yeux, les dispositions évoquées par les deux confessions paraissent utopiques.
Ces derniers étant arrivés à la date butoir de leur délai, que fera alors l’Assemblée nationale ? Parviendra-t-elle à entériner Denis Kadima sans le consensus ou le quitus de deux confessions religieuses jouissant du droit de veto ?
Cette question vaut son pesant d’or. En se référant à la métaphysique du célèbre philosophe Grec Aristote qui s’est investi dans la recherche des causes premières de toutes choses et des êtres, je suis allé à la recherche de la cause qui constitue la pomme de discorde entre ces prélats. D’emblée, les objectifs et la perception de choses n’étant pas les mêmes, il est tout à fait légitime qu’il y ait la contrariété. Car, on se souviendra que les prélats catholiques avaient déjà manifesté ostensiblement leur souhait d’avoir l’alternance à la tête du pays en 2023. Dans un communiqué publié au mois de juillet 2021, ils avaient indiqué qu’ils ‘’ réaffirmaient leur détermination à ne pas céder à toutes tentatives de perturbation du processus électoral qui doit obligatoirement inaugurer une nouvelle ère des élections mieux organisées pour l’alternance en 2023’’.
Mutatis mutandis, Il en est de même pour le groupe de six confessions qui ont résolu de soutenir le candidat Denis Kadima, que l’ECC et la Cenco reprochent d’avoir des accointances avec le pouvoir en place. Face à toutes ces réalités, je peux déduire qu’à ce jour, il est quasiment difficile de trouver un compromis au sujet de la désignation des animateurs de la CENI. Si le président de l’Assemblée nationale veut s’appesantir sur le consensus, il y aurait possibilité d’avoir le glissement en 2023 au regard du délai imparti.
En grosso modo, deux alternatives se présentent au stade actuel : l’organisation des discussions autour du consensus en associant la coalition Lamuka y compris le FCC et l’entérinement illico presto de Denis Kadima dont le procès-verbal a été déjà déposé au Bureau de l’Assemblée nationale. Le Speaker de la Chambre basse du parlement est appelé à régenter. Ainsi donc, il se retrouve dorénavant entre le « marteau et l’enclume ». Entre l’entérinement de Kadima et la tenue du consensus, tout est tributaire de la position qu’il prendrait concomitamment avec sa hiérarchie, car il y va de l’intérêt de la Nation.
Dostin Eugène Luange, journaliste et essayiste