Fini le débat ! Koffi Olomidé n’est pas l’inventeur du rythme ‘‘Tcha-tcho’’. Des experts de la Rumba, musicologues et autres musiciens congolais ont mis fin à la confusion semée dans les têtes des mélomanes par le patron de l’orchestre Quartier Latin qui réclamait la paternité de cette rythmique musicale depuis plus de quatre décennies. C’est au cours de l’émission de chronique musicale ‘‘Sektion Musique’’ diffusée chaque dimanche sur les antennes de la chaîne de télévision Digital Congo, émettant depuis Kinshasa, que les techniciens et chercheurs de la musique congolaise ont apporté lumière sur l’origine de ‘‘Tcha-tcho’’.
C’était exclusivement une émission en caractère pédagogique avec Naty LOKOLE, son célèbre présentateur qui a pris le soin de faire intervenir à distance et sur son plateau les experts et musicologues qui ont connaissance et expérience en la matière.
Sans fausse modestie, Maika Munan et Souzy Kasseya, tous deux éminents compositeurs –arrangeurs des musiques en RDC, ont été très pertinents par leurs dires qui donnaient quelques précisions à ce sujet. Ils ont mis l’accent sur son étymologie.
Les révélations accablantes du maestro !
Pour le maestro Souzy Kasseya, ‘‘Tcha-tcho’’ est une rythmique créée par lui vers les années de 80 à l’époque où il collaborait avec Koffi Olomidé. Il reconnait que ce dernier écrivait ses chansons et lui composait des rythmes adaptés aux mélodies pour construire les mélopées de l’artiste. «Pendant mes arrangements, il m’arrivait de composer des partitions rythmiques pour les chansons de Koffi qui est une belle plume en matière des compositions textes et paroles. Ces rythmes ont été baptisé ‘‘Tcha-tcho’’ par l’artiste. Je peux dire c’est qui l’avait inspiré », a déclaré le génie Souzy Kasseya.
De son côté, Maika Munan rétorque que le nom «Tcha-tcho » provient du mot ‘‘TCHA-TCHA’’. Donc, il peut être considéré comme un diminutif.
Sur le plan artistique, Maïka Munan a martelé que ‘‘Tcha-Tcho’’ n’est pas un genre ou un courant de musique. C’est un rythme ou une variante de la rumba qui se développe avec le temps.
S’il faut parler de sa paternité, renseigne-t-il, ‘‘Tcha-Tcho’’ a commencé au début des années 50. Le rythme était déjà exécuté par Jean-Bosco Mwenda, guitariste congolais qui l’avait joué pour la première fois en 1952.
Jean-Bosco Mwenda, précurseur…
Pour ceux qui ne le savent pas, Jean Bosco Mwenda a été considéré dans les années 50 comme le roi de la guitare acoustique au Congo. Surnommé Mwenda wa Bayek, il est comme l’un des précurseurs ayant imposé le style de guitare acoustique au jeu circulaire dans la rumba congolaise. Donc, Mopao s’est juste inspiré de cette icône.
Il faut noter que Maika Munan et Souzy Kasseya ne sont pas les seuls à soutenir cette thèse. D’autres chercheurs ont également soutenu que le rythme, voire le mot ‘‘Tcha-tcho’’ n’est pas à Koffi Olomidé. « En 1952 Koffi était où ? », s’interroge-t-on. Si cela revenait à Koffi, il l’aurait déclaré à la Société des droits d’auteur dans laquelle il est affilié afin d’y percevoir ses droits. Ils ont évoqué même l’apport majestueux du légendaire soliste-arrangeur Rigo Star dans la construction et composition musicale de ce rythme. Sans oublier Michelino Mavatiku dans cette lignée.
En conclusion, il a été démontré, de part et d’autre, avec des titres comme « Ebale ya Zaire » ou « Mabele » du feu Lutumba Simaro, que le Quadra Koraman n’est ni le père géniteur de ce rythme. Bien avant son existence, il y avait déjà beaucoup d’autres musiciens qui ont exploité ce style de Jean-Bosco Mwenga, en terme de phrases, partitions, mélodies et cadences rythmiques.
Qu’à cela ne tienne, il faut aussi reconnaître en lui une dimension supérieure dans l’histoire de la musique congolaise moderne. Koffi Olomidé est la personne qui a vulgarisé le Tcha-tcho en y ajoutant quelques ingrédients pour en faire son identité musicale après avoir écouté et étudié les autres écoles telles que ‘‘Fiesta’’ de Tabu Ley, ‘‘Odemba’’ de Franco Luambo ainsi que Los Nikelos. Parce dans ‘‘Tcha-tcho’’ by Koffi, on retrouve toutes ses écoles de la Rumba.
Grâce à sa potentialité artistique, il a réussi à imposer le ‘‘Tcha-tcho’’ » qui fait école aujourd’hui dans la sphère musicale de deux Congo.
L’apport de Koffi Olomidé !
D’ailleurs, plusieurs observateurs avertis ont essayé de définir ‘‘Tcha-tcho’’ comme étant un rythme différent, ensorcelé par la bonne humeur, une mélodie douce qui caresse notre âme, une mélodie sans bruits inutile. Il n’est point question de douter que la version ‘‘Tcha-tcho’’ authentique de Koffi Olomide est devenue un état d’esprit. L’harmonie des chants, des chœurs, des paroles, des poésies et des proverbes rendent le rythme plus élégant, plus doux et plus tendre. ‘‘Le Tcha-tcho’’ est une Rumba modernisée très romantique comme du paracétamol qui nous assiste dans nos problèmes de cœurs, d’amours, de déceptions, etc….
Donc ce n’est pas vain que Koffi est baptisé « le réparateur de cœur brisé » par la presse de son pays. Au talent innombrable, cet artiste ayant vaillamment fait sa part pour auréoler la nation universellement. L’Afrique témoignera à jamais l’expression de sa plus intense reconnaissance pour sa contribution à l’émergence de la Rumba.
Qui dit mieux ?
Jordache Diala
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