La problématique de la gestion des droits d’auteur en République Démocratique du Congo a été à la base d’une lettre ouverte adressée à Yolande Elebe, nouvelle Ministre de la culture, arts et patrimoines, par le Collectif des Producteurs Congolais des musiques, apprend-on des sources administratives.
« Nous avons effectivement adressé une lettre à notre ministre de tutelle pour attirer son attention sur les désordres qui règnent dans le secteur du droit d’auteur des œuvres artistiques dans notre pays. L’état de grâce sera de courte durée pour Mme la Ministre Elebe. Il est impératif qu’elle puisse mettre fin à la confusion qui règne dans la gestion des droits d’auteur avec deux SOCODA (Société Congolaise des Droit d’Auteurs et Droits Voisins), qui revendiquent chacune sa légitimité. Elle est la seule autorité à s’imposer et à instaurer l’ordre dans ce secteur», a déclaré l’artiste musicien Didi Kembwarss, Secrétaire général du Collectif des Producteurs Congolais (CPC), signant la lettre ouverte.
Et d’ajouter : « De son côté, il y a aussi la Société Nationale des Éditeurs, Compositeurs et auteurs (SONECA), ancienne société créée par le Maréchal Mobutu, qui ne veut pas disparaître alors que sa liquidation a été déjà effectuée depuis 2010. Or, l’Ordonnance –Loi n°86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et des droits voisins en RDC attribue le monopole et la mission de gestion collective des droits d’auteur à une seule société ».
A qui profite les désordres ?
Pour le Secrétaire général du CPC, la multiplicité de société des droits est une violation grave de cette Ordonnance-loi où la libéralisation du secteur n’a jamais été légiférée en RDC.
« Raison pour laquelle les artistes, toute discipline confondue, et les producteurs des musiques, appellent la Ministre de la culture, arts et patrimoine à s’impliquer d’urgence pour mettre fin à situation qui ne profite pas aux créateurs congolais des œuvres de l’esprit. D’aucuns n’ignorent que la crise actuelle dans la gestion des droits d’auteur profite à un groupe d’individus qui se font de l’argent derrière les dos des artistes dont certains souffrent avec leur famille.», a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : « Il faut élaborer une politique culturelle pour définir un cap, afin de mettre en valeur les génies créateurs énormes qui peuplent notre pays. Nous sommes convaincus que notre ministère est capable de nous doter cet instrument qui va permettre au pays d’avoir un document avec des principes fondamentaux pour règlementer le secteur de la culture dans toute sa diversité».
Quid du statut de l’artiste en RDC ?
Dans sa même lettre ouverte, renseigne-t-on, le Collectif des producteurs congolais, a également rappelé à la Ministre, l’importance de mettre en place de la loi sur le statut de l’artiste, qui est tant attendu, mais qui n’a jamais fait l’objet d’un débat au Parlement.
« C’est une opportunité pour nous d’avoir une Ministre artiste à la tête de notre ministère de la culture. Il faut maintenant qu’elle s’implique pour gagner ce combat sur le statut de l’artiste. Si le problème sur le statut de l’artiste est résolu, beaucoup de points sociaux et professionnels de l’artiste seront résolus. En France, on les appelle les Intermittents», a soutenu Didi Kembwars.
A lire également dans cette lettre que les culturels attendent aussi de la ministre Yolande Elebe d’organiser le sommet de la culture, conformément à la promesse du chef de l’Etat.
« Les artistes n’ont pas oublié que l’année dernière lors de la 117ème réunion du conseil des ministres, le Président de la République Félix Tshisekedi avait instruit au Premier Ministre et à la Ministre de la culture de l’époque d’organiser un forum national sur la culture et les droits d’auteur en RDC. Les défis sont nombreux, mais la Ministre peut compter sur l’appui de tous les acteurs culturels qui la soutiennent », a-t-il fait savoir à Yolande Elebe.
Et de renchérir : « Appuyez-vous sur eux car ils seront toujours à vos côtés pour vous soutenir et vous donner de la force. Nous sommes tous conscients que le budget alloué au ministère de la Culture est insignifiant, compte tenu des nombreux défis à relever. Il est crucial que le budget du ministère de la Culture, Arts et Patrimoine soit augmenté. Il serait injuste qu’il ne le soit pas ».
« Que votre mandat à la tête de ce ministère puisse avoir un impact positif dans le secteur culturel et illumine davantage les créations Congolaises sur l’échiquier national et international », a conclu le secrétaire général du CPC.
LANDRY NDONGANI